Article publié pour la première fois le 30 mai 2010 sur mon ancien blog et mis à jour ce 3 août 2022
J’ose le dire: parmi tous les pays des grands lacs, la Tanzanie est un paradis pour un Africain du point de vue des idéaux panafricanistes.
En premier lieu, c’est le seul pays africain à avoir réussi un modèle de panafricanisme du point de vue de sa constitution sur le plan géographique et politique. En effet, la République unie de Tanzanie a été instituée en 1964, avec l’union de la République du Tanganyika et de l’île de Zanzibar après leur indépendance respective de la Grande-Bretagne en 1961 et en 1963. La langue officielle est le kiswahili et la monnaie nationale est le Shilling tanzanien.
Ensuite, le bien-être n’y est certes pas total mais depuis des décennies, ce pays cultive la considération vis-à-vis des autres peuples africains. Il les considère de véritables peuples frères. Cela se manifeste dans la qualité de l’accueil qu’offre la Tanzanie aux réfugiés chassés par les guerres dans les pays voisins.
La Tanzanie ne prône pas le panafricanisme théorique, hypocrite et égoïste comme le font la Libye et le Gabon. Ces deux derniers pays sont connus pour être deux des plus xénophobes vis-à-vis des Africains venant chercher refuge ou de meilleures conditions de vie. La Tanzanie est parfaitement le contre exemple de la Libye qui chasse les immigrés Noirs dans le désert et du Gabon dont la politique migratoire ressemble étrangement à celle de l’Europe. Non, la Tanzanie est panafricaine dans les mots et dans les actes. Ce panafricanisme a été instillé dans les gênes de cette République parfaitement démocratique par l’un des plus grands panafricanistes visionnaires que l’Afrique ait eu: Julius Nyerere, premier président tanzanien.
Ce panafricanisme s’est manifesté tout récemment lorsque la Tanzanie a naturalisé d’un coup 162 000 réfugiés burundais issus des violences ethniques de 1972. Le HCR (Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés) même l’a admis, on n’avait jamais vu ça dans le monde! Et ça ne s’arrête pas là. En lisant le numéro 1020 du “Courrier International” (numéro du 20 au 26 mai, p.24), je me suis rendu compte des conditions d’accueil humaines dans lesquelles la Tanzanie accueille les réfugiés. J’y ai aussi appris que la Tanzanie est une vieille terre d’accueil; le pays qui accueille le plus de réfugiés en Afrique. Depuis les années 1970 donc, les réfugiés débarquent et les politiques oeuvrent pour une bonne symbiose avec les populations locales.
Tout n’est pas aussi rose et facile. Des hommes politiques surfent sur les problèmes migratoires pour avoir plus de voix et s’y opposent. Mais cette position ne prend pas dans l’opinion publique. Et puis les hommes au pouvoir et plus spécialement le président Jakaya Kikouete et le ministre de l’intérieur Lawrence Masha sont des hommes réfléchis et de bonne volonté. Le Haut Commissaire aux réfugiés ne s’y est d’ailleurs pas trompé en les félicitant et en enjoignant les autres pays à suivre les pas de la Tanzanie.
Connaissant le nombrilisme de certains pays africains et leur propension à se considérer comme les “meilleurs des pauvres”, ce n’est pas encore gagné.