Photos de Tamberma exposés nus à Pairi Daiza : les associations africaines montent au créneau

Il est des pratiques qui ont la vie dure. Le fantasme raciste de l’Africain primitif et sauvage fait partie de ces choses ancrées dans les sociétés européennes. Depuis le 30 juin, des photos de Tamberma du Togo exposés nus dans un parc animalier a secoué la communauté africaine subsaharienne de Belgique. Un parc animalier fréquenté par des enfants de surcroît ! Les associations de la communauté ont tenu à réagir dans le communiqué que je publie in extenso ci-dessous :

COMMUNIQUE DE PRESSE

TAMBERMA EXPOSÉS NUS A PAIRI DAIZA : LES ASSOCIATIONS SUBSAHARIENNES DÉNONCENT LA PERSISTANCE DE L’IMAGE DE  « L’AFRICAIN SAUVAGE ET PRIMITIF » 

Réunies ce mercredi 12 septembre 2012, plusieurs personnalités et associations africaines subsahariennes de la communauté ont pris connaissance et analysé les faits liés au scandale de l’exposition de photos des Tamberma nus au parc animalier Pairi Daiza.

Depuis le 30 juin dernier, des photos représentant les Tamberma, un peuple africain du Togo, dans une nudité totale et sans le moindre bandeau noir, ont été exposées au parc animalier Pairi Daiza, fréquenté par des enfants, jusqu’à ce que la communauté africaine subsaharienne s’en offusque.

Les associations africaines subsahariennes– et pas seulement congolaises – tiennent tout d’abord à dénoncer la commercialisation éhontée de photos de rites initiatiques sacrés africains. Une attitude qui atteste de la persistance de la méconnaissance profonde des cultures africaines en Europe ainsi que le mépris qui leur est réservé.

Les associations subsahariennes dénoncent fermement la sombre tradition et la banalisation du voyeurisme raciste lié à l’image de «  l’Africain sauvage et primitif » en Europe. Un voyeurisme qui revient inlassablement en Belgique depuis les zoos humains des expositions internationales de 1897 et de 1958, jusqu’au parc animalier d’Yvoir en 2002 où des Pygmées Baka ont été exposés dans leur « habitat naturel », en passant par des affiches du festival Couleur Café 2002 qu’elles avaient dénoncées en leur temps.

Il est temps que ce type d’images cessent d’être diffusées en Belgique !

Les associations subsahariennes s’insurgent contre la stigmatisation par certains médias de l’indignation de la communauté, les tentatives d’étouffement de cette indignation légitime et le déchaînement de commentaires racistes sur certains sites internet de médias qui n’ont même pas pris la peine de les modérer.

Les associations subsahariennes interpellent les autorités publiques belges sur ces faits récurrents. Elles leur demandent de condamner publiquement ce type d’expositions et de promouvoir le respect vis-à-vis des concitoyens d’origine africaine subsaharienne.

Les associations subsahariennes demandent enfin à l’ambassade du Togo en Belgique et à l’État togolais de diligenter une enquête pour faire toute la lumière sur l’exposition de ces photos, dans un contexte qui en pervertit le message, déshonore les cultures africaines, l’Homme africain en général, et d’en publier officiellement les résultats. 

Fait à Bruxelles, le 12 septembre 2012

Le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les discriminations (plus de 130 associations)

Le Groupement des Femmes Africaines Intégrées et Actives (GFAIA asbl)

Bana Mboka Asbl

Etoile d’Afrique Asbl

Moja Asbl

Raad Van Afrikaanse Gemeenschappen in Europa Afedeling – Vlaanderen  RVDAGE/VL vzw

Conseil d’Ethique et des Thématiques Africaine-  CETHA

Association des Médias Africains- AMAF

Enar – Relais Belgique

Union des Femmes Africaines

Contact : memoirecoloniale@gmail.com

0485 945 980