Voilà un vampire de plus! La liste de ceux qui sucent le sang de l’Afrique en la poussant vers les abîmes s’est allongée. Elle s’est enrichie d’un nom: Mamadou Tanja. Le colonel au visage de tortue a longtemps avancé masqué. Pendant longtemps, on a cru que le Niger était entré dans une autre ère, celle du non retour à la dictature masquée. On croyait que nos frères sahéliens allaient rejoindre le cercle vertueux des pays où il n’existe pas une monarchie aux contours présidentiels. Nous croyions proclamer le nom “Niger” avec fierté comme nous l’avons fait pour le Bénin et le Sénégal, et comme nous le faisons encore pour le Ghana et le Mali. Mais que nenni! Depuis deux ans déjà, nous avions commencé à déchanter. L’emprisonnement du journaliste Moussa Kaka de Radio France International avait été une sérieuse alerte. Depuis, l’infamie a eu lieu. Prenant exemple sur beaucoup de ses pairs, l’actuel locataire du palais présidentiel de Niamey s’est dit “pourquoi pas moi?” Et pour atteindre son objectif, il ne s’embarrasse pas. Assemblée nationale et Cour constitutionnelle dissoutes. Il faut dire que ces institutions avaient infligé à son projet de prolongement de mandat un cinglant revers. Tripatouiller la Constitution aux fins de s’assurer un mandat à vie est devenu un sport continental.
Le rôle de la société française Aréva
Aréva lui a tourné à coup sûr la tête. En effet l’entreprise française spécialisée dans l’uranium aime décidément de plus en plus le Niger. Il faut dire que les découvertes incessantes de gisements d’uranium aiguisent les appétits. Celui de Mamadou Tanja aussi. Comme le pétrole avec Idriss Déby au Tchad, Tanja veut profiter des retombées financières de l’exploitation de l’uranium. On connaît l’appétit financier et matériel des hommes politiques africains et spécialement nigériens. Il y a six mois déjà, alors que les Nigériens étaient frappés par la crise alimentaire, les députés quant à eux augmentaient unilatéralement leurs salaires. Sous l’oeil bienveillant du président Tanja. Un référendum au score sans doute falsifié (+ de 92%), des institutions mis sous l’éteignoir et le tour est joué. La Constitution est prête à être souillée par les modifications du dictateur. Le discours de Barack Obama à Accra a été un prêche dans le désert de nos démocraties asphyxiées. Seules les populations africaines peuvent dire NON. C’est pourquoi il faut soutenir les mouvements de la société civile nigérienne qui s’opposent à ce diktat.
Attention aux rechutes!
Les pays que l’on croit être en période post dictatoriale ne sont sans doute pas encore sortis de l’auberge. Le Niger après les élections démocratiques de 1999 porteuse d’espoirs, est aujourd’hui l’exemple par excellence de la rechute. Au Sénégal, des signes inquiétants persistent après l’alternance de 2000 même si la population sénégalaise en infligeant une cinglante défaite au camp d’Abdoulaye Wade lors des dernières élections locales lui a envoyé un signal fort. Le Bénin aussi, où les journalistes font paraît-il l’objet d’intimidations incessantes est dans l’oeil du cyclone. Le gentil Yayi Boni serait-il devenu un monstre? Et enfin, même le Ghana cité toujours en exemple n’est pas à exclure. N’oublions pas les nombreuses tensions de la dernière élection présidentielle et le fait que le candidat du parti n’était pas très enclin à accepter sa défaite. Seul le Mali tient la route. Le président Amadou Toumani Touré vient d’ailleurs d’annoncer qu’il ne modifierait pas la Constitution pour se faire réélire. Pourvu qu’il tienne parole!