TOGO: LE 4 MARS, UNE DATE HISTORIQUE? OU PAS?

Que changera le 4 mars dans la vie du Togo? C’est la question qui se pose lorsqu’on voit et lorsqu’on écoute les réactions des Togolais eux-mêmes, qu’ils soient de la diaspora ou au pays.

Les débats de ces derniers jours organisés par la chaîne de télé Africa 24 a montré combien le dialogue de sourds entre les hommes politiques était encore persistant. On s’est aussi rendu compte de la médiocrité dont ont fait preuve beaucoup de responsables politiques quand il s’est agi de dévoiler concrètement leurs plans d’action. En termes de programme à mettre en oeuvre aux niveaux social, culturel et sportif, on n’a eu droit qu’à des divagations langagières  aboutissant souvent à des non sens.

Au milieu de cet épais brouillard d’idées, des éclaircies existaient. Des jeunes hommes de talent qui sont repoussés aux seconds rôles par les vieux caïmans qui emprisonnent depuis plusieurs années les espoirs de ce peuple. D’un point de vue objectif et en tenant compte uniquement des idées claires et précises pouvant convaincre, on peut retenir M. SILYADIN à propos de la santé et Jean KISSI. Mais combien de personnes les connaissent? Au moment où leur talent et leur énergie créatrice sont encore intacts, on ne les utilise pas. Après avoir lutté en vain, ils s’affaisseront et iront grossir les troupes du pouvoir parce qu’ils seront fatigués de végéter dans l’opposition comme c’est souvent le cas au Togo.

Au niveau économique, on a l’impression que les responsables politiques veulent hypothéquer le pays. La situation économique est déjà catastrophique sous Faure. Mais comme remède, tout le monde ne pense qu’à tendre la main vers l’extérieur. Cela ne m’étonne pas du parti au pouvoir mais les opposants aussi s’y mettent! “La main qui donne sera toujours au-dessus de celle qui reçoit” disait Amadou Hampaté Bâ. Ingénions nous à gérer convenablement les deniers publics que nous offrent nos propres ressources et on n’aura pas à aller mendier. Beaucoup trop d’argent a été dilapidé dans ce pays: l’argent du coton, des phosphates, du port, et j’en passe et des meilleurs.

Enfin au niveau politique, 43 ans pour un seul parti, c’est énorme et c’est quelque fois lassant. Que vous soyez opposants ou partisans d’un parti au pouvoir, vous conviendrez objectivement et dans n’importe quel domaine que la nature humaine incite à de nouvelles images, à de nouvelles espérances. En goûtant tous les jours au même repas, il devient fade. Même celui qui incarne ce pouvoir de 43 ans aujourd’hui le sait. C’est pourquoi il s’éloigne du RPT (Rassemblement du Peuple Togolais, parti au pouvoir). Dans ses discours, Faure GNASSINGBE ne le mentionne même plus. On ne voit plus le logo du parti se dresser fièrement partout. Une victoire de l’opposition serait donc une victoire historique.

Reste la violence. Beaucoup d’Africains et de Togolais malheureusement n’ont toujours pas compris qu’adversaire politique ne rime pas nécessairement avec ennemi à abattre. Aujourd’hui, rien n’indique que les populations aient confiance dans l’armée et la police. On les comprend puisqu’en 2005, ce fut un véritable bain de sang (entre 500 et 1000 morts). A Atakpamé, symbole des villes martyres où j’ai vécu longtemps et où j’ai encore des parents, des hommes ont été brûlés vifs devant nos maisons. La violence vient de l’armée mais aussi de ceux qui veulent nécessairement l’avènement d’une guerre ethnique au Togo. Beaucoup de gens fustigent les Kabyè au pouvoir au lieu de fustiger le clan au pouvoir. J’ai des origines kabyè mais j’ai encore des parents extrêmement pauvres au pays. Le clan au pouvoir ne m’a été d’aucun secours dans mon parcours. Avec les amis d’autres origines, nous avons subis la même violence étatique à l’université de Lomé. Chacun devrait pourvoir vivre en toute quiétude dans toutes les régions du pays quelque soit son origine.

Ce sont toutes ces raisons effrayantes qui me poussent à être pessimiste même si la campagne électorale a eu lieu dans un calme relatif. Attendons les résulats, et là je vous jure, ce sera une autre histoire!

1 réflexion sur “TOGO: LE 4 MARS, UNE DATE HISTORIQUE? OU PAS?”

  1. Le 04 mars ne changera rien malheureusement dans la vie des togolais et togolaise si ce n’est qu’un recule de quelques années encore dans la pauvreté et la médiocrité. Car au lendemain de ce scrutin on nous annoncera que Faure est réélu pour cinq ans encore et puis il fera encore 5 ans, 5 ans et ainsi de suite. La faute est à qui ?
    Tout ceci, à cause de la mauvaise organisation de notre opposition qui malgré plus de 15 ans d’apprentissage de la démocratie n’arrive pas à faire ses preuves. Le Togo est à la traine. Je me demande même si on a une opposition au Togo. Moi j’ai deux remarques à faire par rapport à cette élection.
    Premièrement tous les togolais savent que l’UFC constitue le seul et véritable parti de l’opposition. Le CAR, le CDPA et autres devraient se rallier à l’UFC pour faire un bloc au lieu d’aller au scrutin en rang dispersé. Les jeunes en ont marre de cette situation, ils ont besoin de travailler, ils ont faim, ils veulent s’épanouir. Très sincèrement cette opposition nous a déçus et on est fatigué de tourner sans cesse en rond. Un proverbe dit « il ya pas de vent favorable pour un navire qui navigue à vue ». C’est là la question, où est ce qu’on va avec cette opposition ?

    Deuxièmement les partis politiques qui forment l’opposition n’ont rien fait depuis pour obtenir un scrutin à deux tours et c’est au dernier moment à deux mois du scrutin qu’ils ont commencé à s’agiter. Pourquoi ?
    D’ailleurs les bases de la médiation entre l’opposition et le RPT pour l’organisation du scrutin étaient déjà fausses. L’opposition ne devrait pas accepter la médiation de Blaise Campoaré. On sait qui il est, qu’on ne nous distrait pas.
    En fait si aujourdh’ui le Togo est toujours dans cette situation c’est surtout parce que l’opposition ne s’organise pas. Aprés chaque élection les partis doivent de se retrouver pour tirer les leçons qui s’imposent et se réarmer davantage en cherchant des tratégies éfficaces pour une véritable lutte.

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