L’année 2009 doit fournir à l’Afrique ainsi qu’à ceux qui souhaitent son développement de grosses inquiétudes. En effet, toute cette année a été le baromètre d’un constat clair: le reflux de l’autoritarisme nuisible à la santé du continent. Un peu partout en Afrique, on constate le retour de régimes omnipotents qui s’installent par une vieille méthode: les coups d’Etat.
Et comme beaucoup d’Africains se sont laissés berner par l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui promettait le changement de la politique française en Afrique, on n’a aujourd’hui que nos yeux pour pleurer. Quand on fait le panorama du continent, on se rend compte que la démocratie qui doit servir de levier au développement s’effrite.
Commençons par l’Afrique du nord:
La Tunisie: le paradoxe de l’Afrique
La Tunisie est un pays qui étonne. Car c’est sans doute l’un des pays les plus développés aujourd’hui mais en même temps le plus cadenassé. Le président Ben Ali a été réélu avec une majorité à la soviétique à coups de menaces, de chantages et d’embrigadement de la presse. (Une pensée ici pour le journaliste Taoufik Ben Brik emprisonné actuellement). Doit-on en conclure que dans ce pays le développement ne peut marcher de paire qu’avec un régime autoritaire? Evidemment que non! La démocratie et le développement peuvent aller ensemble. Les dirigeants tunisiens ont su enraciner l’émancipation de la femme tunisienne, ils peuvent aussi enraciner la démocratie et l’Etat de droit.
Passons à l’Afrique de l’ouest:
1- Mauritanie: Honte à la France!
Sarkozy n’a jamais été un démocrate et il ne le deviendra jamais!. S’il la respecte chez lui, c’est qu’il doit se plier et se courber devant plus de deux cents ans de triomphe républicain. Quelle rupture a t-il promis à l’Afrique? Celle qui consiste à l’enfoncer un peu plus dans la boue. Il y a chez cet homme quelque chose d’irascible qui le rend plus proche des dictateurs africains que Chirac lui-même. Il avait promis de ne jamais accepter les régimes qui s’imposent par la force; c’est pourtant ce qu’il a fait en Mauritanie. Il fait feu de tout bois pour que le putschiste Mohamed Abdelaziz légitime sa candidature aux élections et les gagnent! Quelle honte!
2- Guinée: “Un militaire sans formation politique et idéologique… Un militaire qui ne sait pas à quoi sert son arme est un criminel en puissance”
Cette phrase de Thomas Sankara résonne plus que jamais quand on pense à la situation en Guinée. Des militaires qui ne savent pas à quoi sert une arme ont pris le pouvoir. Et résultat: ils ont massacré plus de 500 personnes qui osaient manifester contre eux. Il ne faut jamais accepter un régime militaire! Ceux qui avaient applaudi le Capitaîne Dadis Camara en sont pour leurs frais. La seule exception d’Amadou Toumani Touré au Mali dans les années 1990 ne doit pas servir de prétexte pour le soutien à de tels régimes. Il faut profiter de l’attentat contre Dadis pour instaurer un vrai régime civil.
3- Côte-d’Ivoire: Le boulanger mange tranquillement son pain
Il l’a dit, il n’a pas besoin d’élections. Cela fait 5 ans de plus qu’il est à la tête de la Côte-d’Ivoire. Alors que son mandat devait se terminer en 2005, Laurent Gbagbo est encore au pouvoir. D’abord grâce à la guerre, ensuite grâce au report des élections. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme “le boulanger”. Il roule ses adversaires dans la farine alors qu’il est minoritaire dans la Commission électorale. Il est temps que les élections se tiennent!
4- Niger: Tandja doit partir
En modifiant unilatéralement la Constitution pour garder le pouvoir, Tandja a montré ses limites en tant que démocrate. La communauté internantionale et les pays africains surtout doivent maintenir la pression pour qu’il quitte le pouvoir.
5- Togo: Le pouvoir s’affole; la France joue un jeu bizarre.
Les élections auront lieu le le 28 février normalement. Il semblerait que la France ait désavoué Faure Gnassingbé. Sarko semble avoir choisi un autre poulain: le franco-togolais Kofi Yamgnane, ancien maire breton et ancien ministre de Mitterrand. En témoignent les expulsions mutuelles des diplomates entre les deux pays. Le pouvoir togolais semble perdre pied à moins que ce ne soit une manoeuvre de diversion de la France pour qu’on ne dise pas qu’elle maintient le pouvoir de Faure.
Afrique centrale:
RDC: Aux prochaines élections, Kabila doit partir!
Il a été élu avec la promesse de pacifier le pays. Il a montré son incapacité à le faire. Il faut tout simplement le foutre dehors pour trouver quelqun qui soit en mesure de travailler avec le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi pour venir à bout des rébellions et soulager les populations.
Rwanda: Are you ready for English?
Bientôt on ne parlera qu’anglais au Rwanda. La volonté de Kagamé d’angliciser le Rwanda est clair. L’entrée récente au Commnwealth le confirme. Doit-on s’en inquiéter? Je ne crois pas. Chaque pays africain a le droit de choisir son orientation. La seule exigence est de lutter pour une plus forte intégration. Si la France n’est pas contente, qu’elle aille se plaindre où elle veut!
Gabon-Togo: même combat
L’élection gabonaise a montré que la mode est aux Républiques bananières à succession monarchique. Après le Togo, c’est le Gabon qui lui emboîte le pas avec Ali Bongo. Si ce dernier était au moins beau, ça atténuerait le mal qu’il fait aux démocrates. Mais qu’il est laid!
Angola: Bonne chance pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations!
Afrique australe:
Kenya: la CPI doit intervenir
Généralement, je suis contre la CPI dans son rôle d’outil juridique à deux poids deux mesures. Mais puisqu’elle est là, elle peut être utilisée pour jouer un rôle politique. En faisant la lumière sur les violences ethniques au Kenya et en mettant la pression sur les dirigeants impliqués, ceux-ci se verront dans l’obligation de moins ethniciser le débat politique. Ils vont travailler en évitant les violences, surtout dans la perspective des prochaines élections.