Aujourd’hui 8 mars 2011, c’est la centième fois que l’on célèbre les droits des femmes, l’occasion de regarder dans un miroir de vérité, la place de la femme sur le continent africain.
Il est vrai que partout dans le monde, et en tenant compte d’une vision globale, l’homme en général impose sa supériorité à la femme dans la plupart des domaines de la société. Cependant, il existe des lieux où l’imposition de cette supériorité peut être comparée à de la bêtise, et même plus, à de l’imbécilité ou à de la connerie, l’Afrique par exemple. Aujourd’hui en Afrique, tous les regards sont tournés vers l’Europe et les Etats-Unis, l’occident en général, comme modèle de “développement”. On peut discuter de ce que l’on entend par développement mais tel n’est pas mon propos ici. Il est indéniable que sur le plan économique et social en général et sur le plan du bien être humain en particulier – les besoins primaires de l’homme notamment – nous nous exaltons face à ce que cette partie du monde a comme avantage. Il est important de dire à vous mes frères africains, qu’aucune région du monde occidental que nous envions souvent ne s’est développée sans une émancipation totale et complète de la femme. Regardons autour de nous: les régions du monde les plus pauvres sont celles où les femmes sont les plus bafouées. Pourquoi? La question mérite d’être posée.
Le président-capitaîne Thomas Sankara à son époque a beaucoup oeuvré pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Je n’ai vu aucun dirigeant du monde de son époque et même de l’histoire du monde oeuvrer avec autant d’énergie et de fougue pour les droits des femmes. Il ne le faisait pas uniquement pour le principe, – cet aspect est important c’est sûr – il le faisait aussi de façon pragmatique pour le développement de son pays. Et ça, beaucoup de ses contemporains ne l’ont pas bien compris. Il avait compris que si on devait attendre l’évolution des mentalités en Afrique, on n’aboutirait à rien. C’est pourquoi il est important que les dirigeants, mais aussi les acteurs influents de notre continent prennent des mesures énergiques en faveur des femmes et les imposent. En effet, comment peut-on comprendre que dans un pays comme le Togo, dont la population est composée à 53% de femmes, on puisse se contenter de voir une grande majorité de cette matière grise finir dans le secteur informel (vendeuses au marché et au bord de la route…) ou au foyer? Comment peut-on se contenter d’engager à des postes qui peuvent servir de leviers de développement, des hommes incompétents aux dépens de femmes compétentes qui sont là et à qui on n’accorde pas de chance du fait même de leur féminité? Après, il ne faudra pas s’étonner de ne pas voir le développement arriver!
La corruption, le népotisme, le tribalisme, le régionalisme, la dictature… sont autant de maux qui gangrènent l’Afrique et qui ne favorisent pas son développement. Mais il y a aussi le machisme et la misogynie qui constituent de véritables freins. Les hommes africains sont encore à 95% les décideurs dans tous les domaines, et c’est à eux que je souhaite m’adresser: il est vital pour l’avenir de l’homme (masculin africain) de changer de mentalité. Tant que nous considérerons que par essence, nous avons une supériorité sur la femme, notre avenir et celui de l’Afrique par corrélation resteront menacés. En nous complaisant dans la misogynie et dans le machisme, nous compromettons l’avenir de nos enfants, et nous les condamnons à vivre dans une Afrique qui restera pauvre. L’éducation à l’égalité des sexes doit constituer une priorité absolue pour changer les mentalités. Un changement nécessaire au développement.
Il est aussi important de s’adresser aux femmes: c’est à vous de mener la lutte pour l’égalité sur le plan des principes. Aucun homme ne viendra le faire à votre place ou ne le fera mieux que vous!
Seule la personne qui est discriminée peut ressentir toute la latitude de cette discrimination. Débarrassez-vous de ce complexe d’infériorité indécent. Emancipez-vous! Imposez-vous!
Tel est modestement mon message en ce centième anniversaire de la journée des droits des femmes.