Les Cendres de la trahison

Dans la magie mélancolique du soir,

Ce soir frais, nostalgique et silencieux,

Que seules nos terres rouges savent sublimer,

La Nyiragongo se mit à gronder.

 

Ce majestueux volcan pleura à se fendre l’âme,

Par la brise de ce soir décadent,

Il m’apporte l’odeur des cendres d’une horrible exécution,

Celle de l’Humanité qu’on découpe à la machette.

 

De mon esclavage, je voulus me relever,

Pour porter secours à l’Humanité,

Mais le fouet de la multinationale me rappela à l’ordre,

Rester rivé à mon téléphone et à la quête du coltan : tel était mon sort.

 

Le lac Kivu se mit alors en furie,

Débordant de colère et de ses berges,

Contre ce fils ingrat,

Incapable de se libérer de ses chaînes.

 

Engoncé dans ma lâcheté,

Je vis surgir de mon téléphone le corps de l’Humanité

Broyé par les prisonniers du diable,

Violée jusqu’à la folie par le capitalisme sauvage.

Malgré cette puanteur, je continuai à consommer,

Malgré cette odeur pestilentielle, je voulus continuer mon chemin,

Avant d’entendre un cri familier,

Et d’entrevoir un visage qui l’était tout autant : celui de ma mère !

 

Les esprits avaient parlé,

Je ne les avais point écoutés,

J’avais trahi l’Humanité,

J’avais trahi ma mère !