Le retour de Sémira Adamu

Par une grise journée d’hivernage,

Où la neige macula de son blanc éclatant la crise noire,

Sémira Adamu, icône noire de ceux qui fuient leur terre natale,

Ressuscita des morts et se présenta à nouveaux aux frontières belges.

 

Partie toute noire,

De ce noir qui glace le sang des esprits blancs fermés,

Elle revint toute blanche,

De cette blancheur qui déclenche l’ire des esprits noirs revanchards.

 

Elle se présenta à nouveau à cet office,

Qui fait et défait l’existence de milliers d’humains,

Elle se présenta en inconnue,

Car les générations passant, le vent de l’oubli l’avait emporté.

 

Demandant le même papier blanc qu’à l’origine,

Un employé au regard noir lui opposa un refus poli,

Car sur sa fiche de présentation, elle marqua qu’elle était noire,

Il lui fit le procès de mentir sur sa couleur.

 

Mais je suis Noire ! cria-t-elle,

Et moi je ne suis pas Blanc, rétorqua l’employé sur le ton de l’ironie,

Je suis Sémira Adamu, la Noire sans-papiers assassinée, continua-t-elle,

Et moi je suis Jésus de Nazareth, le Blanc sans-papiers crucifié, plaisanta-t-il.

 

Tournant les talons, elle se tourna vers ses frères noirs,

Ceux-ci voyant arriver une femme blanche,

Lui tournèrent le dos car ils ne virent pas son fantôme blanc,

Mais son corps dont le noir de la vie était recouvert par le blanc de la mort.