Question orale du Député Kalvin SOIRESSE NJALL à Madame la Ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de la Promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de Justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles concernant l’intégration des défis que pose la nouvelle mixité sociale et culturelle du public scolaire en milieu urbain dans la formation des enseignant.e.s.
Madame la Ministre,
Toutes les études le montrent, notre enseignement fait partie de ceux qui reproduisent le plus d’inégalités sociales. Les enseignant.e.s, notamment les institutrices et les instituteurs jouent un rôle fondamental dès l’école maternelle pour réduire les possibilités d’ancrage des désavantages socio-économiques dans la vie de l’enfant dès le départ. Comme le souligne la Fondation Roi Baudouin dans son étude intitulée “École maternelle, pauvreté et diversité culturelle“, “L‘enseignement préscolaire est en effet un des leviers par excellence pour briser le cercle vicieux de l’exclusion sociale et s’attaquer de manière préventive à la reproduction des inégalités“[1]. Les futur.e.s enseignant.e.s doivent acquérir durant leur formation la capacité de se décentrer par rapport à leur propre système de pensée. Ils et elles doivent pouvoir comprendre les liens qui existent entre l’exclusion sociale, les inégalités produites par l’école et les origines sociales et culturelles des élèves. L’enseignant.e doit être formé.e à avoir une conscience critique sur les codes véhiculés par l’école et sur le défi de la multiculturalité. En effet, l’école est un lieu d’apprentissage du vivre-ensemble pour des élèves venant souvent d’horizons sociaux et culturels différents. Elle doit aussi préparer les élèves à vivre dans une société où on retrouve de plus en plus des identités multiples et où ils doivent être capables de dialoguer, de construire des ponts avec des citoyen.ne.s qui sont parfois socialement et culturellement différents d’eux.
L’association ChanGement pour l’égalité qui offre des formations à la pédagogie interculturelle dans le cadre de la formation continuée des enseignant.e.s fait le constat que ce type de formation n’est pas perçu comme prioritaire chez de nombreux enseignant.e.s. Ceux-ci perçoivent souvent le fait d’aborder la question de l’interculturalité comme un problème qui risque de les fragiliser aussi bien sur le plan personnel que professionnel[2]. C’est notamment pour cette raison que la Fondation Roi Baudouin a mis sur pied un groupe de travail réunissant des acteurs institutionnels et de terrain, invité à formuler des recommandations politiques pour améliorer les programmes de formation initiale des futurs enseignants du préscolaire. Les recommandations du groupe de travail invitent à saisir l’opportunité de la refonte de la formation initiale pour développer une approche globale, transversale et concertée des questions relatives aux inégalités sociales et à la gestion de la diversité socio-culturelle.
Madame la Ministre, pouvez-vous nous édifier sur la place qu’occupe cette question ainsi que les recommandations de la Fondation Roi Baudouin dans votre vision politique en ce qui concerne la formation des enseignant.e.s ?
En attendant que la Formation Initiale des Enseignant.e.s se mette en route, quelles sont les mesures prises pour que dans les formations actuellement données, la dimension interculturelle mais aussi les approches liées aux origines sociales précarisées des enfants soient intégrées ?
Je vous remercie pour vos réponses.
Kalvin SOIRESSE NJALL
Député