Il n’y avait pas d’autre issue possible. Macky Sall est le nouveau président du Sénégal. Abdoulaye Wade a évité la catastrophe qui l’aurait fait entrer dans les catacombes de l’histoire politique africaine. La sagesse l’a emporté; c’est l’essentiel.
On ne pouvait rêver meilleur scénario pour le dénouement des présidentielles sénégalaises. Un résultat accueilli dans un climat apaisé dans lequel celui qui avait pour plan préalable de confisquer le pouvoir, respecte le choix des urnes. C’est fait.
Le Sénégal s’honore par cette victoire de la démocratie sur l’envie irrésisistible de dictature qui animait le clan Wade. Aujourd’hui, tous les observateurs félicitent et affirment que le modèle démocratique sénégalais a été préservé, donnant ainsi la leçon à tout le continent. Mais à quel prix ! N’oublions pas et rappelons-le le plus souvent possible : c’est au prix d’une quinzaine de morts, d’une démonstration de force de la société civile sénégalaise, de violences et d’avertissements de toutes sortes que la raison de Wade et de ses proches l’a emporté sur leur appétit immodéré du pouvoir. Doit-on en Afrique passer par là pour obtenir des alternances apaisées ? Surtout de la part d’un homme qui est lui-même venu au pouvoir par une alternance politique historique ?
Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Quels stratagèmes Abdoulaye Wade n’a-t-il pas utilisé pour conserver le pouvoir bien avant l’élection ? A deux reprises, il a essayé de triturer la constitution pour essayer de dégager politiquement la route à son fils Karim. Il a d’ailleurs fait adouber son fils par Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Il aurait pu quitter le pouvoir plus tôt en ne se représentant pas une troisième fois. Mais il a fallu que le peuple lui inflige une humiliation électorale pour qu’il s’en aille. Une humiliation qui n’est pas venue d’un camp adverse, mais de son propre camp, et même de son propre fils politique, Macky Sall qu’il a formé politiquement au lait du libéralisme.
L’élève a infligé une correction au maître. Wade s’en va, emporté par son orgueil gargantuesque. Rideau !